Le calcul analogique s'est développé avec les progrès de l'électronique d'après-guerre. Ce n'est pas de l'informatique, mais ce fut une sérieuse aide au re-démarrage de l'industrie, avant que les ordinateurs ne puissent prendre le relais.
Le « calcul analogique » est un procédé qui consiste à remplacer un phénomène physique par un autre phénomène qui varie de la même façon : de façon « analogue ».
Remplacer des nombres par des longueurs de bâtons est une analogie.
Les calculateurs analogiques sont des machines électroniques capables de faire des additions, soustractions, intégration... de signaux électriques.
On va remplacer par exemple un poids oscillant au bout d'un ressort par le circuit électrique qui a la même équation : une self, un condensateur, une résistance. On câble ce circuit sur la face avant du calculateur, on lance une impulsion de courant et on observe le résultat, sur un voltmètre, un oscilloscope, une table traçante...
Dans les années 50, les calculateurs analogiques ont pris une grande importance dans le redémarrage de l'industrie. Les ordinateurs étaient trop rares et beaucoup trop lents pour faire face aux besoins de calcul.
Leur précision n'est pas très grande (1 %) mais elle suffit pour le calcul industriel. Éventuellement un point critique peut être recalculé par d'autres procédés une fois identifié en calcul analogique.
La mise en équation est difficile, le câblage est pénible... Mais ensuite les résultats sont obtenus instantanément. Changer un des paramètres de calcul revient simplement à tourner un potentiomètre au tableau, et on peut instantanément relancer le calcul et juger de l'amélioration.
Ce n'est pas de l'informatique ! Mais il ne faut pas oublier que c'est avec des machines de ce type qu'ont été calculé la Caravelle et le Concorde.
Ce calculateur analogique OME-P2 de la compagnie française SEA a été utilisé vers 1962 à l’École d’Ingénieurs électroniciens de Grenoble (EIEG, devenue ENSERG, puis PHELMA) dans le laboratoire du professeur Lancia.
Il est parti à Lyon (ENSA) puis est revenu prendre place dans la collection ACONIT.
C'est une pièce très rare – probablement le seul de son espèce, et une des rares calculateurs analogiques à tube restant en Europe. ACONIT a obtenu son classement à la liste complémentaire des monuments historiques en 2005.
Il nous faut ici à nouveau parler du « laboratoire de calcul de l'INPG ». Après les règles à calcul, calculatrices Marchant et autres électro-mécaniques, la première machine électronique qu'a pu acheter le professer Kuntzmann est un calculateur analogique SEA OME-L2 en 1952.
Ce premier SEA fut suivi d'un SEA OME-P comparable à celui d'ACONIT vers 1960. Ce calculateur analogique "cohabitait" avec le BULL Gamma 3ET. Ils coopéraient même car le Gamma 3 était parfois utilisé pour affiner un calcul dégrossi en analogique.
Le calcul analogique ne s'est pas arrêté avec les tubes électroniques. Différentes machines à transistors ont été développées, en particulier par la société Télémécanique à Grenoble.
Ces machines, peu encombrantes et rapides étaient bien adaptées pour le « controle de processus », par exemple pour automatiser un traitement chimique : les différents capteurs (température, pression...) arrivent sur les entrées du calculateur et le signal électrique résultat peut actionner une vanne...
Plusieurs spécialistes du calcul analogique pensent que l'on a trop vite négligé cette technique et tout numérisé...