Plusieurs industriels français ont développé des mini-ordinateurs. La compagnie nationale CII, mais aussi des indépendants comme l'électricien Télémécanique à Grenoble. Finalement toute cette activité sera regroupée dans la SEMS, qui se retrouve avec des lignes de machines incompatibles comme le Mitra 125 et le Solar...
Le Télémécanique T1600 date de 1972. C'est une machine d'origine grenobloise. L'usine d'Echirolles (38, Isère) de 14000 m2 concevait le matériel et le logiciel, réalisait l'intégration et la maintenance des ordinateurs, la production des cartes était faite à Carros (06 Alpes maritimes), et l'assemblage des modules à Crolles (38, Isère).
Cette machine à mots de 16 bits, à mémoire à tores, était destinée à l'informatique industrielle, à l'automatisation d'expériences scientifiques et à l'enseignement. Des T1600 ont été installés dans des lycées. Pour l'enseignement informatique, l'Ecole Supérieure d'Electricité SUPELEC a développé et porté sur le T1600 le langage de programmation conversationnel d'enseignement LSE et un moniteur de temps partagé TSM en octobre 1972. Ce fut également une des machines utilisée pour le développement du langage Prolog.
Lors du premier plan d'informatisation des lycées de 1971, l'Éducation Nationale choisit le T1600 doté de 9 terminaux, et le Mitra 15 de la CII. Des enseignants bénévoles animeront des activités extra-scolaires jusqu'au début des années 80.
La compagnie CII développait à cette époque les machines IRIS du plan calcul. Pour répondre à la demande du marché, il a fallu créer une nouvelle division pour développer les mini-ordinateurs.
C'est Madame Alice Recoque qui a dirigé les études des machines MITRA, performantes et innovantes.
Le Mitra 15 est un mini-ordinateur composé d'une unité centrale compacte avec tableau de commande. Il dispose d'une mémoire de 4 à 32 Koctets à tores magnétiques au lithium et des circuits intégrés TTLI.
Ce mini-ordinateur, vendu à 8000 exemplaires, était utilisé en temps réel pour le contrôle de processus industriels, le calcul scientifique, la gestion de réseaux. Il a également été utilisé dans l'enseignement secondaire dès le milieu des années 1970.
Après le MITRA 15 ont été développés le MITRA 115, le MITRA 125 et le 525.
De perfectionnements en perfectionnements s'est posé la problème de la mémoire.
Le développement des circuits intégrés permet dès le début années 70 de disposer de mémoires à semi-conducteurs composées de boîtiers mémoires circuits intégrés ; mais ces mémoires ne remplacent pas immédiatement les mémoires à tores :
– Elles ne deviennent compétitives en prix que vers 1975,
– De plus, les mémoires à tores avaient l’avantage de garder l’information (le programme chargé) quand on coupait l’alimentation, ce que ne fait pas une mémoire à circuits intégrés. Conserver le programme chargé en mémoire est très important quand on ne dispose pour le charger que d’un ASR33 qui lit a 10 caractères par seconde… (Ce problème a été résolu avec l’arrivée des lecteurs de disquettes).
Certains systèmes MITRA pouvaient être livrés au choix avec mémoire à tores ou mémoires à semi-conducteurs.
Avec l'aide de développeurs américains, Télémécanique mettra sur le marché, en 1975, la gamme SOLAR qui sera un succès avec plus de 16 000 systèmes vendus.
Cette période est l'objet de nombreux rapprochements économiques entre entreprises. La SEMS (Société Européenne de Mini-informatique et Systèmes) en est un exemple : elle est la fusion en 1976 entre Télémécanique Informatique (filiale de Télémécanique) et le département des petits ordinateurs de CII (Compagnie Internationale pour l'Informatique). La SEMS exploitera les gammes d'origine Télémécanique et la gamme Mitra de CII.
En 1982, la SEMS sera reprise par le groupe Bull.
Cette configuration SEMS Solar 16-65 est composé de deux grandes armoires comprenant :
– à droite, une unité centrale avec son tableau de commande,
– en dessous un disque dur en tiroir,
– à gauche, un lecteur de bandes magnétiques.